« Une enfance de Jésus », J. M. Coetzee

J’ai hésité avant de faire une chronique sur le dernier livre de Coetzee car c’est un auteur que j’admire et dont j’aime beaucoup l’écriture, mais dont le dernier livre m’a déçue… J’ai du mal encore à dire pourquoi. Mais je suis malheureusement d’accord avec les nombreuses critiques négatives que j’ai pu lire sur ce roman. On termine le livre et on se dit : mais quel est ce monde ? Quelle est la morale de l’histoire ? Est-ce une fable ? Mais au moins, qu’on nous explique la mystérieuse clé du titre !! Pourquoi « Jésus » ?

Pourtant c’est un beau texte, peut-être avec quelques longueurs, beaucoup de réflexions, des personnages parfois un peu secs, un monde qui manque de consistance. A part le monde du début où l’on va pour se faire « inscrire », le monde des immeubles où habitent l’homme et le garçon qui sont les personnages principaux du livre, et le monde des docks, il n’y a rien… Est-ce un fait exprès ? Un monde nébuleux, où l’on ne doit plus penser, plus avoir de désirs, ne plus connaître sa langue ni son nom mais s’adapter si l’on veut survivre et participer à cette nouvelle aventure. S’accoutumer à ne manger que du pain, à travailler pour rien – mais de toutes manières il n’y a rien à acheter, alors !

Un monde qui pourrait être une de ces utopies passées ou futures où tout le monde dans la société gagne la même chose, vit la même expérience – et où tout de même l’on peut prendre des cours de philosophie et disserter sur l’existence des tables et des chaises. Un monde sans saveurs, au fond. Mais grâce ou à cause du petit garçon, l’homme n’en démord pas : la nourriture ici n’a aucune saveur, il veut quant à lui ne pas perdre ses pulsions, ses envies, il voudrait travailler pour une bonne raison. Il a du mal à s’adapter en somme, et même si tout le monde est très patient avec lui, on lui fera bien comprendre quand il s’agira de mettre son garçon à l’école que : ça ne va pas.

Il commence par confier le garçon à une femme qu’il a rencontré par hasard, mais dont il est persuadé que c’était sa mère dans leur ancienne vie… Puis lui donne son appartement, lui-même vit dehors. Puis il a un accident, perd son travail. Puis l’enfant ne veut rien entendre, ça ne se passe pas bien lors de son intégration à l’école… Il ne s’agit pas vraiment d’un message d’espoir que Coetzee nous donne là, mais cela fait réfléchir, il y a de très beaux passages et un monde parfois plus proche du nôtre qu’on ne le pense probablement. Dites-nous ce que vous en pensez !

Une enfance de Jésus - J. M. Coetzee

Une réflexion sur “« Une enfance de Jésus », J. M. Coetzee

  1. Je suis en accord avec cette chronique: j’ai été déçue par ce livre, par cet auteur qui d’habitude m’entraîne dans de longues réflexions. L’immigration en terre inconnue, langue inconnue, la découverte d’une solidarité hors norme, les dockers qui suivent des cours de philosophie et qui se posent des questions existentielles … Au départ tout cela fait réfléchir mais très vite, cela devient lénifiant. Une des questions posées est aussi celle des parents, peut on en changer, peut on choisir des parents pour quelqu’un d’autre, comment en arrive-t-on aux extrêmes décrits ? Le monde moderne représente-il le mal et le monde de cette île le bien ? L’enfance de Jésus, est ce que ce titre nous amène vers une vision d’un paradis? Je n’aimerai pas y vivre.

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